Stanislavski

C’est qui ?Constantin Sergueïevitch Stanislavski, né Alexeïev le 5 janvier 1863 à Moscou et mort le 7 août 1938, fut comédien, metteur en scène et professeur d’art dramatique.Il est l’un des créateurs, avec Vladimir Nemirovitch-Dantchenko, du Théâtre d’Art de Moscou (qu’il dirigea jusqu’à sa mort) et il est l’auteur de « La Formation de l’acteur » et de « La Construction du Personnage ».
Lorsqu’ilmeurt en 1938, son enseignement a bouleversé toute l’Europe. Dans les années 1950, l’acteur américain Lee Strasberg reprend les idées de Stanislavski pour les enseigner au sein de l' »‘Actors Studio ».
Grâce à ses succés, l' »Actors Studio » a essaimé dans le monde entier est a finit par devenir le nom moderne de la « méthode Stanislavski » plutôt qu’une institution localisée dans un lieu précis.Cette vision du jeu du comédien fait désormais figure de passage obligé pour tout acteur souhaitant évoluer dans le monde du théâtre ou du cinéma.

C’est où, c’est quand ?Le soucis de Stanislavski était de répondre aux exigences des auteurs naturalistes tels que Anton Tchekhov (qui était son ami) et Maxime Gorki. Jouer « juste », jouer « vrai » est son obsession principale.
Si sa vision du jeu del’acteur continue, 100 ans aprés sa création, à influencer considérablement le théâtre et le cinéma d’aujourd’hui, c’est qu’elle se place absolument hors du temps.
A une époque où l’interprétation des acteurs était exagérée, empesée et grandiloquente, en plein démarrage de l’ère industrielle ou le rationalisme et le mécanisme pèsent lourdement sur les pensées, Stanislavski nous propose un jeu fin,léger, sensible, profondément humain.
Alors que la « raison » semble être la seule valeur reconnue par ses contemporains, Stanislavski tire le meilleur des travaux de Freud pour reconnaitre l’importance des émotions et du subconscient. Il ne cherche pas à dominer ou à contrôler le subconscient. Il cherche à « danser » avec lui car « Seul le subconscient peut nous procurer l’inspiration dont nous avonsbesoin pour créer. »
Sa vision à la fois très humble et très ambitieuse du jeu dramatique donne à l’acteur l’occasion d’être un véritable artiste, de jouer l’équilibre (et souvent la tension) entre toutes les parts de lui-même.
D’autres écoles de la même époque (et parfois de la même culture, voir le cinéma soviétique, par exemple) sont en totale opposition avec cette façon de voir : l’acteur y estconsidéré comme une sorte de machine à la disposition du metteur en scène, il doit pouvoir contrôler son corps de manière mécanique pour obtenir les mouvements et l’attitude prévus par le scénario ou par la volonté du metteur en scène. L’imitation serait donc le seul talent utile à l’acteur.
Cette tendance à nier la sensibilité de l’acteur et à lui imposer un jeu de « surmarionnette » estfinalement celle qui dominera toute la première moitié du xxe siècle : d’Adolphe Appia à Edouard Gordon Craig, d’Antonin Artaud à Bob Wilson, on cherche à créer l’émotion par un « spectacle total » accordant bien plus d’importance aux lumières et à la mise en scène qu’à la capacité d’intériorisation de l’acteur. Ce dernier n’est qu’un élément du spectacle parmi d’autre, un figurant, une partie du décors quibouge et qui parle, un pion, un symbole, en bref, une machine dont le jeu n’a de sens qu’à travers sa participation au « grand tout » dont le metteur en scène est le maître suprême (le Dieu).
Stanislavski fait donc un peu figure d’extra-terrestre dans ce contexte : révolutionnaire par rapport au siècle de sa naissance, avant-gardiste par rapport au siècle de sa mort, il est surtout reconnu depuisles années 1950. Ses propos, incroyablement modernes, correspondent parfaitement à la vision du théâtre d’aujourd’hui, basé sur la sincérité du jeu et de l’émotion.
Pour en savoir plus sur le contexte historique qui fut celui de Stanislavski, lire notre page consacrée au théâtre du xIxe siècle.
C’est quoi ? »Ce qui peut arriver de mieux à un acteur, c’est d’être complètement pris par son rôle….