« Victor – Tu as aimé hier soir, la pièce que nous avons vue? Pour ma part, j’ai trouvé cela très amusant et bien plus facile à voir qu’à lire!
Félix – Moi aussi j’ai bien aimé, mais j’ai trouvé celaun peu long. Le réveil a été dur ce matin. Les acteurs étaient bons, mais je n’aurais jamais imaginé Harpagon ainsi. Je me l’imaginais moins vieux et sa fille plus jolie. Par contre, ses habits m’ontbeaucoup plu! Je m’imaginais vraiment comme cela sa tenue de vieil avare qui ne s’habille qu’à l’ancienne mode. Le contraste des vêtements « antique » d’Harpagon et ceux des autres personnages étaittrès bien rendu. Frosine m’a bien fait rire, en détaillant sa « fraise à l’antique », son « haut-de-chausses, attaché au pourpoint avec des aiguillettes ». En effet, quel « ragoût merveilleux »!
Victor – Ilest vrai que cette scène était hilarante! Je pense vraiment que la mise en scène d’une pièce la rend magique.
Félix – La mise en scène a cela de magique qu’elle offre une approche nouvelle au texte.Victor – Oui, tu as a tout à fait raison. Prends le personnage d’Arnolphe dans l’Ecole des femmes par exemple. C’est, en vérité, un méchant homme qui élève sa pupille et sa future femme Agnès de façonla plus stupide pour ne pas devenir un « cocu ». Il n’est pas sympathique et c’est tant mieux s’il se retrouve seul à la fin de la pièce et qu’Agnès est heureuse avec un autre. Mais les romantiquesn’ont pas interprété ce personnage de la sorte: ils ont plaint cet être abandonné de tous. De fait, de nombreux metteurs en scène ont insisté, non plus sur le ridicule du personnage, mais sur son aspectpathétique. J’ai remarqué cela dans une pièce à laquelle j’ai assisté avec ma mère et ma grand-mère (j’aurais préféré aller faire un match de tennis avec mon cousin mais je n’ai pas eu le choix):Georges Dandin. En fait le personnage est trompé par sa femme et i lest à chaque fois ridiculisé. Le metteur en scène avait habillé Georges Dandin comme un bouffon, avec des habits du XVIIe siècle…