Les théoriciens de l’absolutisme royal
Le terme « absolutisme » a surtout été employé après la Révolution pour
fustiger l’Ancien Régime. Aux XVII et XVIIIème siècles, le terme « absolu » lui-mêmeest assez
peu usité. Les formules officielles parlent de « pleine puissance », d’« autorité
royale ».
La théorie de l’absolutisme se compose d’éléments qui sont apparus
progressivement au coursdes siècles depuis le Moyen-Age. Son avènement est
jalonné par plusieurs théoriciens des XVIème et XVIIème s. : Bodin, Guy Coquille,
Cardin Lebret et surtout Bossuet. La théorie est complétée pardes ministres et
monarques tels que Richelieu et Louis XIV lui-même.
En fait, l’absolutisme est une affirmation d’un pouvoir monarchique sans
partage à un moment où justement il est contesté et où leroyaume de France, en
butte aux affrontements religieux et aux attaques des nostalgiques de la féodalité
que manifestent les frondes (fin XVIème-déb.XVIIème), risque l’éclatement. Il
trouve saforme la plus complète voire exacerbée avec l’absolutisme de droit divin
dont la théorie est formulée par La politique tirée des propres paroles de
l’Ecriture sainte, ouvrage dans lequel Bossuetreprend l’idée du fondement
théocratique du pouvoir formulée par Saint Thomas d’Aquin au XIIIème s., en
oubliant que le théologien faisait du peuple le vecteur de ce pouvoir (omni
postestas a deo perpopulum (« tout pouvoir vient de Dieu par l’intermédiaire du
peuple »), et revenant en cela purement et simplement à la proclamation de Saint
Paul qui se bornait à dire que tout pouvoir vient de Dieu.L’absolutisme n’est pas propre à la France. L’un des principaux théoriciens
de l’absolutisme est l’Anglais Hobbes et au XVIIIème s., la plupart des pays
d’Europe, tels que la Prusse, l’Autriche, laRussie, le Piémont-Sardaigne seront
gouvernés selon les principes que les historiens ont qualifiés de « despotisme
éclairé », c’est-à-dire des monarchies absolues faisant des concessions aux…