Introduction
« La monnaie est un voile derrière lequel l’action des forces réelles est cachée », (Pigou, 1949). Cette citation de l’économiste classique Pigou décrit bien le sentiment général de ses contemporains quant au rôle de la monnaie dans l’économie.
La monnaie pour eux est un bien résiduel. Sa détention est sans coût et son incidence sur les transactionssans effet. Elle est même au sens de Sidrauski (1967) « super neutre ». Elle n’a d’incidence ni à court terme, ni à long terme sur le niveau de l’activité réelle.
Seulement, cette thèse pourtant fondamentale a été remise en cause par les keynésiens et néo-keynésiens qui soutiennent que dans un environnement incertain, les agents économiques ont une certaine préférence pour laliquidité.
La détention des avoirs liquides pénalise les transactions et la monnaie n’est plus ce voile que Say et Pigou décrivent dans leurs travaux. Tobin en 1965 montre à cet effet qu’en modifiant le portefeuille des ménages, la monnaie influe sur le niveau du PIB. Pour lui, elle doit en conséquence être désormais définie comme un actif financier qui permet à son détenteur de seprémunir contre les risques du marché des biens et services.
La présence des coûts élevés de transaction et d’acquisition de l’information sur le marché des fonds mobilisables fonde l’existence des intermédiaires financiers. Plusieurs études ont essayé d’apporter des précisions sur le champ d’action de chaque type d’intermédiaires ; mais toutes se sont accordées sur le rôle de ces agentsinstitutionnels dans l’économie. Il ressort de ces analyses que les intermédiaires financiers ont en charge la transformation des dépôts qui sont en général d’une très grande volatilité en capitaux stables pour les investissements productifs. Autrement dit, les intermédiaires financiers et plus précisément les banques ont pour rôle de transférer l’épargne collectée auprès des ménages vers le financement desprojets présentés par les entreprises dans le besoin.
Cependant, les banques et les autres établissements financiers sont des agents économiques qui ont des comportements individuels d’optimisation de leur fonction objectif. La fonction de profit d’un établissement de crédit dépend de ses ressources et de ses emplois. Les ressources proviennent essentiellement des crédits à la clientèle, tandisque les emplois sont constitués pour leur grande part des coûts de rémunération des dépôts des épargnants.
Maximiser le profit pour ce type de firme revient à accroître la part des fonds prêtables et donc à accroître la monnaie en circulation. Si la création monétaire n’est pas contrôlée, les conséquences d’un accroissement de la masse monétaire sont susceptibles de créer de nombreusesdistorsions dans le secteur réel. Pour cela, il est important qu’une autorité monétaire soit instituée. Son rôle sera donc le contrôle de la liquidité en circulation soit dans un pays, soit dans une région.
C’est dans cette logique que dans la plupart des économies à travers le monde, a été instituée une Banque Centrale qui a en charge la conduite de la politique monétaire. Il lui incombe entre autresmissions la définition des objectifs et instruments de politique monétaire, ainsi que le renforcement de la stabilité du système financier.
Cette dernière mission des Banques Centrales est à examiner de près surtout si l’on s’intéresse aux causes éventuelles et au risque de survenance des crises financières. En effet, la stabilité financière est un bien public qu’on ne saurait confier au soind’une entreprise privée quelconque. C’est donc à l’Etat ou à une autorité suprême qu’il revient de garantir la stabilité du système financier. Laquelle stabilité agit sur les fonctions de bien-être des agents comme une externalité positive.
En zone CEMAC, c’est la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) qui a en charge la conduite de la politique monétaire. La BEAC est une institution…