A la maniere de baudelaire

L’aspirateur

Ton ventre est gros, pauvre lapin !
Reste vautré sur ta paille,
Où la satiété t’a éteint.
L’aspirateur qui ronronne,
Prolonge mon sommeil,
Provoqué par ta mastication monotone.L’ordinateur puissant
Plein de RAM,
Où riche Bill
Introduit ses programmes,
Se bloque et me laisse en plan,
Par un bogue vil.

Ainsi ton instinct qu’excite
La faim hâtive,
Te fait sauterVers les granulés enchantés.
Puis, il te couche, repu,
Dans une immobilité inexpressive.

L’ordinateur puissant
Plein de RAM,
Où riche Bill
Introduit ses programmes,
Se bloque et me laisse enplan,
Par un bogue vil.

Ô toi, que la graisse rend si beau,
Quelle douceur, penché vers ta fourrure,
D’écouter le bruit de l’aspirateur
Qui passe dans la chambre.
Disque dur et moteur,
Vousêtes le reflet de mon amitié.

L’ordinateur puissant
Plein de RAM,
Où riche Bill
Introduit ses programmes,
Se bloque et me laisse en plan,
Par un bogue vil.

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Le jet d’eau

Tes beaux yeux sont las, pauvre amante !
Reste longtemps, sans les ouvrir,
Dans cette pose nonchalante
Ou t’a surprise le plaisir,
Dans la cour le jetd’eau qui jase
Et ne se tait ni nuit ni jour,
Entretient doucement l’extase
Où ce soir m’a plonge l’amour.

La gerbe épanouie
En mille fleurs,
Ou Phœbé réjouie
Mets ses couleurs,
Tombe comme unepluie
De larges pleurs.

Ainsi ton âme qu’incendie
L’éclair brûlant des voluptés,
S’élance, rapide et hardie,
Vers les vastes cieux enchantes.
Puis elle s’épanche, mourante,
En un flot de tristelangueur,
Qui par une invisible pente
Descend jusqu’au fond de mon cœur.

La gerbe épanouie
En mille fleurs,
Ou Phœbé réjouie
Mets ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.

Ôtoi, que la nuit rend si belle,
Qu’il m’est doux, penché vers tes seins,
D’écouter la plainte éternelle
Qui sanglote dans les bassins !
Lune, eau sonore, nuit bénie,
Arbres qui frissonnez…