Le droit de sucide
le fait d’avoir été élevé auprès d’un survivant des camps de la mort qui lui a appris l’appétit de la vie et non le regret mortifère.
L’avenir qui est à venir ne doitpas venir mais surprendre », d’ailleurs il n’emploie jamais le futur, et Pascal Quignard avec la petite lumière de son écriture nous escorte jusqu’à la nuit des temps. Pour préparer ce quiest à venir, les grands vents soufflant à la surface du monde. « Je n’aime pas du tout l’avenir sur lequel il y a de la mainmise ».
Pascal Quignard
CHAPITRE XI Abîmes
Comme l’eau enregard de la source (comme l’eau qui revient sans cesse de l’autre
Côté de la paroi pour sourdre) chaque homme est venu d’Autrefois et y retourne une
Autre fois à partir de l’altérité del’autrefois qui le précède.
Les événements passés sont tous contemporains de l’altérité étrange qui y vit.
Tel est l’Autrefois.
Tous les ancêtres sont comme tous les fruits qui pendent auxbranches des arbres.
Toujours le descendant et l’aïeul, le jadis et le faite instantané de la vague contemporaine s’épousent comme les deux côtés d’une surface…
Quand on meurt, un feu voyage,un éclat quitte le visage: il se déplace dans le temps, touchant un autre visage, visage des nouveau-nés. C’est pourquoi le visage des nouveau-nés est encore plus fripé que celui desvieillards. C’est au solstice d’été qu’a lieu la fête des morts : le soleil, se retournant soudain, tue tout ce que sa face ou son disque dévisage; l’hiver revient…
Aux deux solstices les deux mondesse rapprochent. Les mains se touchent au travers de la paroi de la grotte des montagnes sacrées.
Il faut faire vivre le vivant signifie : Il faut faire mourir les morts. Ce sont des cerclesqu’on roule dans la nuit.
La mort est finie dans le temps comme la retombée de la ligne verticale du sexe dressé qui lui donne naissance. Le temps est fini et circulaire comme le soleil.