Peut-on, pour éduquer, se fonder sur les tendances naturelles de l’enfant, ainsi que le soutient Jean-Jacques Rousseau ?
Du latin éducatio, le terme éducation est défini, dans le langage courant, comme la formation de l’esprit ou comme l’action méthodique exercée par un adulte sur un enfant ou un adolescent en vue de développer l’ensemble de ses aptitudes physiques ou intellectuelleset qualités morales. En science de l’éducation, le terme se précise et concerne l’ensemble des enseignements et études relatives à la psychologie de l’enfant dont le but est de comprendre comportements et actions. Ainsi défini, le terme éducation, sera dans cette étude, prise en tant que qualités morales et, par extension, physiques. Les tendances naturelles, c’est-à-dire les qualités acquises dèsla naissance par un enfant ou un adolescent sans présence de parents ou d’adultes soit de manière autonome, peuvent-elles être les seules bases d’une bonne éducation ? La transmission des valeurs, notamment sociales, n’a-t-elle pas un rôle prépondérant à jouer, fût-ce t-elle transmise par les parents et adultes ?
Notre première partie sera consacrée à l’étude de la thèse de Jean-Jacques Rousseaude manière à mieux comprendre son approche du sujet. Et puisque théorie et réalité s’opposent sur bien des sujets, la seconde partie s’attachera à la critique argumentée de la thèse proposée.
Jean-Jacques Rousseau, auteur – penseur et philosophe du 18ème siècle (Les Lumières), est connu pour ses nombreuses thèses sur les valeurs humaines telles que la liberté ou l’égalité entre les hommes.Pour lui, « l’homme est naturellement bon, c’est la société qui le rend méchant ». C’est en partant de ce principe qu’il expliquera, notamment dans l’ouvrage « Émile ou de l’éducation » le principe de négativité (une pédagogie selon laquelle le précepteur doit éviter à son élève les influences néfastes et empêcher qu’il ne fasse ses apprentissages trop tôt), le principe d’apprentissage par leschoses ( l’élève devra donc éviter de consulter les livres afin d’apprendre par l’expérience, qui seule doit lui inspirer le besoin de s’instruire) et le principe de l’amour de soi (afin de conserver en l’élève ses sentiments naturels en empêchant le développement de son amour propre). Pour ce sujet, il est plus intéressant de se focaliser sur le principe de négativité.
Pour Jean-Jacques Rousseaul’éducation doit être négative pour empêcher que les choses ne se fassent trop tôt. C’est un principe constant de son système d’éducation que les adultes accélèrent le développement des enfants : « nous voulons faire vite et nous le faisons mal ». Prenons l’exemple des professeurs qui veulent les initier à la poésie alors que leurs cœurs n’y sont pas sensibles. La négativité c’est donc aussi de savoirattendre que le fruit soit mûr avant de le cueillir.
A défaut de laisser l’enfant s’éduquer lui-même (c’est d’ailleurs un contresens fait sur sa théorie), ce principe repose sur l’anéantissement des apports ordinaire de la culture comme les machines utilisées pour protéger l’enfant conte les chutes ou l’interdiction d’enseignement du latin ou du catéchisme. Prenons pour exemple, l’apprentissagede la langue ; Rousseau expliquait que la non correction des fautes de grammaire et d’orthographe est la meilleure façon d’apprendre le français puisque le parent s’arrangerait pour susciter chez l’enfant la pénibilité de ses erreurs. De quoi lui donner plus de détermination et d’autonomie dans ses actions au lieu que tout lui soit fournit d’avance sans nul effort. Ceci à d’ailleurs été repris pard’autres, comme Malraux qui expliquait que « la culture ne s’acquiert pas, elle se conquiert ». Cette conquête doit lui fournir un esprit critique (du grec krinaï, trier et séparer le vrai du faux afin de ne pas être victime d’idées préconçues, stigmates et idéologies). En suivant cette logique, l’éducation obtenue serait bien plus efficace pour l’enfant. Ainsi, on n’obligerait plus l’enfant…