Haomfa

diable de tremblement dans ses mollets et r’marqua une grande lumière
qui éclairait les trois fenêtres du choeur de l’église.
« Il pensa d’abord que c’était la lampe qui envoyait c’te lueur auxvitres ; mais la lampe ne pouvait pas donner une clarté si rouge « qu’elle
ressemblait au feu de ma forge », me dit-il quand j’en devisâmes tous les
deux. Ces vitraux qui flamboyaient lui firentcroire qu’il n’avait pas rêvé
quand il avait entendu la cloche :
« Je ne suis pas pus aveugle que jodu, – pensa-t-il. – Qué qu’il y a donc
dans l’église, à pareille heure, pour qu’il y brille une tellelumière,
d’autant qu’elle est silencieuse, la vieille église, comme après complies, et
que les autres fenêtres de ses bas-côtés ne laissent passer brin de clarté ?
J’ sommes entre le dimanche et lelundi de Pâques, mais i’ se commence
à être tard pour le Salut. Qué qu’il y a donc ? »
« Et il restait effarouché sur son échalier, guettant, sur les herbes des
tombes qu’elle rougissait, c’telueur violente qui allait p’t-être casser en
mille pièces les vitraux tout contre lesquels elle paraissait allumée…
« Mais, tiens ! – dit-il, – les prêtres ont des idées à eux, qui ne sont pas
commeles autres. Qu’est-ce qui sait ce qu’ils forgent dans l’église à c’te
heure où l’on dort partout ? Je veux vais à cha ! »
« Et i’ dévala de l’échalier et s’avança résolument tout près du portail.
«Je vous l’ai dit, Monsieur ; c’était l’ancien portail arraché aux décombres
de l’abbaye. Les Bleus l’avaient percé de plus d’une balle, il était
criblé de trous par lesquels on pouvait ajuster sonoeil. Pierre Cloud y
guetta donc, comme il avait guetté tant de fois, en rôdant par là, le dimanche,
quand il voulait savoir où l’on en était de la messe, et alors il vit
une chose qui lui dressa lepoil sur le corps, comme à un hérisson saisi
par une couleuvre. Il vit, nettement, par le dos, l’abbé de La Croix-Jugan
debout au pied du maître-autel. Il n’y avait personne dans l’église, noire…