Le divertissement pascalien

Pascal (1623 – 1662)

Le divertissement pascalien :
Avant le 17ème siècle, « divertire » signifiait « action de détourner de ». Pour Pascal le divertissement est une pratique d’esquive, typique del’existence humaine. Il s’agit de ne plus penser à quelque chose qui nous afflige, de nous détourner d’une réalité déplaisante, qui est un malheur constitutif de notre existence. Notre condition estcelle d’un être faible, mortel, exposé à la maladie, aux affres de la solitude, à de multiples soucis et de surcroît, priver du seul être qui pouvait le combler, Dieu.
« Les hommes n’ayant pu guérirla mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n’y point penser. »
Le divertissement est l’échappatoire choisi, dans cette situation, à la conscience de soninsuffisance, de sa misère, de son vide, de sa déréliction (abandon, désespérance, abattement). La notion pascalienne de divertissement désigne aussi bien les activités frivoles que les activités sérieuses carquelles qu’elles soient, l’essentiel est de ne pas penser à ce qui nous affligerait si nous le regardions en face.
« Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sanspassions, sans affaire, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âmel’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir. »
Pascal utilise l’analogie du chasseur, qui bien plus que la prise, recherche avant tout l’activité, l’occupation de la chasse quile détourne de sa vie misérable.
Ce qui nous sauve de la lucidité, de la conscience du divertissement comme tel, c’est la magie du désir. Il nous projette vers des fins que nous fantasmons commesources de plaisir ; il mobilise notre attention dans l’espoir de les atteindre.
Pascal reconnait que le divertissement protège l’homme du désespoir. Mais il condamne cette manière de prendre au…