L’inconscient

Et c’est là que la critique d’Alain prend toute sa valeur. « Il y a de la difficulté sur le terme d’inconscient. Le principal est de comprendre comment la psychologie a imaginé ce personnage mythologique ». « Le freudisme, si fameux, est un art d’inventer en chaque homme un animal redoutable, d’après des signes tout à fait ordinaires, les rêves sont de tels signes ». (texte) Freud, quoi qu’il endise par ailleurs, personnifie l’inconscient, fait d’une abstraction une entité. Et cette entité est l’animal en l’homme. Alain répond donc que l’inconscient n’est pas un autre moi. Il insiste sur la nécessité de ne pas fragmenter l’esprit et de ne pas se laisser prendre à des appellations mythiques. Le point de vue d’Alain est le point de vue d’une psychologie¸ pas celui d’une psychopathologie.2) La pathologie mentale peut parfaitement être abordée sous des angles très différents de celui de l’interprétation de l’inconscient dans le cadre la théorie freudienne. Les différentes formes de psychanalyses apparues après Freud admettent l’hypothèse de l’inconscient, mais proposent des interprétations différentes, (texte) des interprétations qui conduisent aussi à de nouvellesthérapeutiques. Un seul exemple pour l’instant : la thématique que poursuit par exemple A. Adler, un disciple qui a rompu avec Freud, est centrée sur le jeu de la volonté de puissance dont l’individu conscient est l’enjeu. L’ego lutte fiévreusement pour sa reconnaissance. L’ego semble le plus souvent motivé par le souci de se faire-valoir. C’est ce qui nous pousse à l’ambition, à l’effort, à la conquête,c’est ce qui donne la fierté et le sourire condescendant de l’arriviste. La volonté de puissance doit pourtant s’accommoder de la nature dont chacun est doté et des résistances qu’elle rencontre. Un individu qui est petit peut en souffrir parce que cela ne cadre pas avec l’image qu’il voudrait se donne de lui-même. Il devra affronter le complexe qu’il a lui-même posé. Il aura tendance dans ses actes etson comportement à surcompenser son sentiment de déficience, par une autorité tyrannique, une mégalomanie ou des fantasmes de grandeur. Ses rêves seront le reflet de cette activité de compensation. S’il n’y parvient pas, la volonté de puissance risque de se renverser en volonté d’impuissance, en négation de soi. Dans ce jeu du rapport à soi, la sexualité n’est qu’un instrument parmi d’autres.Elle est elle-même dominée par le travail de compensation. D’où les critiques d’Adler contre Freud. Le rêve, par exemple doit être vu en rapport avec un projet, un futur, plutôt que d’être ramené à un passé.

Ce que Adler pressent, c’est que la construction personnelle est liée à un équilibre fragile que l’ego établit grâce à l’image qu’il a de lui-même. Les souffrances intérieures sont autantd’auto-accusations, un martyr de l’ego. Chacun doit gérer en lui le pouvoir, le besoin de dominer et ce que ce besoin engendre comme déceptions et frustrations. Il est clair par exemple, que le champ des relations personnelles met directement en jeu le désir de reconnaissance et à sa suite la volonté de puissance. Le souci de se faire valoir, d’être reconnu peut dans cet optique jouer un rôle plusfondamental que le seul motif de la sexualité, qui n’est qu’un instrument de la volonté de puissance. La sexualité n’est qu’une composante d’un système bien plus complexe. Celui de la personnalité. Ce que Adler démontre, c’est que la névrose résulte d’un rapport à soi déséquilibre, résultant d’une image de soi négative. (texte) Le complexe permet de comprendre l’organisation irrationnelle descomportements et la souffrance du malade. (texte) L’approche thérapeutique doit permettre au sujet affronter ses problèmes dans l’actuel, au lieu de se perdre dans la rumination d’un passé plus ou moins mythique ou inventé par le psychanalyste.

3) Pourtant, l’orientation de la psychiatrie contemporaine s’est faire résolument dans la direction d’une neuropsychiatrie, qui tourne le dos aux…