On en pince pour vous

Les vacances estivales, quel bonheur ! Repos, cuisson au soleil, un coup pile un coup face. L’insouciance quasi totale. Tout le monde s’entasse sur les plages, la moindre crique est envahie. En toute impunité ; sur le littoral ; se déploient, bâtissent, détruisent, dérangent. Tout semble devoir leur appartenir vautrant leur ego boursouflé. Le droit de réserve n’existe plus ! Mais au détriment dequi ?

Enfin septembre, on va enfin retrouver notre espace vital ; ne plus se faire chasser, torturer, piétiner… On va pouvoir revivre et pourvoir à nos besoins.
– Salut ! tu as l’air bien pensif ce matin ?
– M’oui, je repensais au calvaire que l’on vient de vivre.
– Comme chaque année mon pauvre et en plus ils sont de plus en plus nombreux.
– Et de plus en plussale !
– Ils jettent, rejettent, d’éjectent ; aucune éducation.
– C’est une sale race, ils font n’importe quoi, n’importe où et n’importe comment. Ils ne connaissent pas le plaisir, la passion. Ils ne prennent pas le temps de faire les choses avec plénitude. Regarde ; un exemple parmi tant d’autres, nous, quand on s’accouple, il y a tout un rituel, un cérémonial. Tandis qu’eux, troisp’tit coups et puis s’en vont. Et en plus, ils sont en surpopulation. Quelle honte !
– Et ils se disent civilisés. Des envahisseurs, oui !
– Parce qu’ils sont gros, ils se croient tout permis.
– Y a des maigrichons aussi.
– C’est vrai il y a de tout, mais je voulais dire grand ; du moins en taille et par rapport à nous.
– Comme disait un d’entre eux « mieux vautune tête bien faite qu’une tête bien pleine » ; mais depuis ils se sont dégénéré.
– Tu m’étonnes ; avec tout l’engrais qu’ils se mettent en surface pour rissoler, ça finit par leur griller les neurones et en plus cela provoque des flaques grasses qui polluent notre bouffetance
– Je dirai plutôt pitance. À cause d’eux, c’est de plus en plus difficile de trouver quelque chose denaturel à se mettre sous la pince, le pourrissement total est proche
– T’es dur !
– Non réaliste. Ils veulent modeler tout ce qui les entoure à leur guise, sans tenir compte du moindre équilibre nécessaire à la vie ; s’ils continuent, très vite ils vont prendre un retour de manivelle en pleine tête. Quand Ra rentrera dans son cycle d’éruptions ils vont être surpris de la puissance deséléments naturels et, peut-être, regretter leurs attitudes. Nous on s’adaptera comme nos ancêtres, mais eux…
– Surtout si Poséidon, Héphaïstos et Éole s’en mêlent ; mais, en attendant, j’aimerai bien savoir, quand même, pourquoi ils nous ramassent.
– Bonne question ! peut-être veulent-ils nous apprivoiser comme leurs bêtes à poil qui pissent partout.
– Tu nous vois en laisse ?Je pense que c’est plutôt pour faire les beaux dans un aquarium.
– En prison ! Tu veux rire ! Et savent-ils nous nourrir au moins, si encore ils y pensent.
– Tu penses qu’à bouffer !
– Et alors, ça fait partie des plaisirs
– Hé ! regarde, un revenant ; d’où sors-tu ? Il y a un moment qu’on ne t’avait pas vu.
– M’en parle pas ; il y a quelques jours j’ai étaitramassé, enfermé dans un panier et transporté d’étal en étal. Un véritable enfer.
– Justement, on se demandait pourquoi ils nous capturaient.
– Pour nous manger !
– Tu veux rire, quelle horreur, on est tout petit et presque pas de chair sauf dans nos patoches.
– Ils sont fous ces humains ! Ils ne savent vraiment pas quoi inventer pour se rendre intéressant.
–Bonjour, je peux me joindre à vos élucubrations ?
– Salut la tataragne, toujours aussi velu ! Toi au moins tu n’as pas les mêmes problèmes que nous. Mais on ne divague pas ; ils nous capturent vraiment.
– Pas pour vous manger quand même
– Il paraît que oui
– Vous êtes aussi dur qu’un caillou, comment font-ils ?
– Ils nous ébouillantent !
– C’est vraiment…