Principia rethorica

Principia Rhetorica

Introduction
En 1958 paraissaient 2 ouvrages :
• Traité de l’argumentation de Perelman et Olbrechts-Tyteca
• Les Usages de l’Argumentation de Toulmin
En réaction au logicisme qui régnait à l’époque pour décrire la rationalité calquée sur les sciences de la nature. Depuis, la rhétorique et l’argumentation n’ont cessé de prendre de l’importance pour finir pardevenir un nouveau paradigme pour les sciences humaines se substituant à la linguistique. Aujourd’hui la rhétorique est partout : des médias à la vie privée.

L’origine du phénomène est liée à l’effondrement des idéologies qui a donné naissance à des sociétés pluralistes où la libre discussion et les opinions divergentes sont vues comme normales et saines. Il est essentiel de convaincre etmal ressenti d’imposer. Cette démocratisation des rapports humains a engendré une société dominée par un impératif de communication.

Les sciences humaines argumentent plus qu’elle ne démontrent : elles avancent toujours des raisons que l’on peut remettre en cause ou réinterpréter parce que l’homme a lui-même pris conscience du fait qu’il était un être problématique qui ne sait échapperau questionnement sur soi, le monde et les autres.
Si la rhétorique connaît aujourd’hui de nombreux usages : politiques, médias, conversation quotidienne,… la discipline elle-même est née il y a plus de 2000 ans. Elle fleurit dans des périodes particulières où les modèles anciens s’estompent et que les nouveaux se font attendre, ce qui n’a pas empêché la rhétorique de se renouveler depuis qu’ellea vu le jour dans le monde gréco-romain. Elle a laissé derrière elle de nombreux concepts souvent contradictoires ce qui fit le régal de ses détracteurs dont Platon pour qui la rhétorique est une manipulation des esprits. Pourtant dans bien des domaines (critique littéraire, psychanalyse, droit, science politique,…) la rhétorique s’est révélée être un puissant outil d’analyse et de compréhensionde soi et des rapports humains. Mais si elle a pris bien des formes et bien des développements, en retour on a peu réfléchi à ses contours précis comme à ses fondements ultimes. Seule la mise en évidence de ceux-ci permet de dégager une rationalité de la rhétorique dans son ensemble.

Il existe bien des traités de rhétorique mais tous présupposent une même vision de la raison et de la pensée :l’unité de base est la proposition ou le jugement. Ce dont on discute, ce sont des thèses (Aristote), des propositions (au sens littéral du mot « proposer »). Or cette conception est dépassée. Ce dont on débat ce sont des questions et s’il n’y’ avait pas de problème, il n’y aurait pas de discussion. La proposition n’est qu’une réponse et fait partir l’analyse de la proposition revient à considérerdes questions sans réponses. Dans une telle conception, le propre de telles « réponses » est qu’elles se soutiennent toutes seules. Alors on ne sait plus trop pourquoi. L’unité de la réflexion, c’est pourtant le questionnement et surtout l’articulation des questions et des réponses qui constitue le socle de toute rhétorique.
Certains diront que nos questions ne viennent pas de rien, c’estsimplement qu’elles ne sont pas premières sur le plan conceptuel et philosophique car elles répondent à des nécessités antérieures qui les amènent à se les poser. Vu sous un certains angle, celui du déroulement temporel, soulever une question répond à une situation où elle s’impose, ce qui renvoie à un problème plus premier. On est toujours immergé dans des réponses préalables, mais si on ne se posaitpas des questions à leur propos ou à propos d’autre chose, on ne discuterait pas, on ne parlerait même pas.
Il y a des questions à haute densité problématique qui soulèvent des passions et divisent comme il est des questions peu problématique qui huilent la conversation et unissent.
De l’argumentation conflictuelle au discours convenu la gradation est continue. Au travers de cette dernière la…