Dadaisme

Le 17 janvier 1920, un personnage bizarre débarque dans un Paris postguerre en pleine ébullition. Chapeau melon, canne de dandy, nœud papillon, monocle… Ce poète d’origine roumaine est attenducomme le messie par une bande de jeunes exaltés. Leur ambition : révolutionner l’art et changer le monde. De cette rencontre électrique va naître le dadaïsme version française, torpilleéphémère mais fulgurante d’où émergera le surréalisme. Tristan Tzara, l’homme au monocle, possède déjà son brevet d’agitateur. De son vrai nom Sami Rosenstock, né en 1896 à Moinesti (Roumanie), l’hommea été, avec des artistes et poètes originaires d’Allemagne et d’Europe centrale, le principal orchestrateur du mouvement dadaïste, créé à Zurich en février 1916. Né dans les hoquets de laGrande Guerre, le mouvement avait pour but d’en exprimer toute l’horreur et l’absurdité.

Dans l’esprit de ses jeunes promoteurs, le dadaïsme n’est pas un énième mouvement esthétique, destiné àprendre place dans une longue lignée où figurent déjà symbolisme, cubisme ou futurisme, mais bel et bien une liquidation de la conception traditionnelle de l’art, encore trop tournée à leur goûtvers l’objet, vers l’idéal et vers la virtuosité technique. Né de la progressive déconstruction de la représentation artistique et de cet accélérateur de particules qu’est la guerre, leurdémarche s’inscrit dans la rupture et le scandale. Par son nom d’abord, « dada », terme absurde, ironique, dérisoire, choisi au hasard par le groupe en feuilletant un dictionnaire, qui évoque lebalbutiement répétitif du jeune enfant. Par son projet, ensuite, qui vise à subvertir les notions même d’art et d’œuvre, et, par-delà, tout l’édifice social (plusieurs dadaïstes berlinois sontproches de l’extrême gauche révolutionnaire). Par ses formes, enfin, qui cherchent à dynamiter joyeusement les limites des modes d’expression traditionnels (peinture, dessin, poésie, théâtre,…