La montée du nationalisme

La montée du nationalisme 1905-1914

« Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine des autres ». Cette phrase de Romains Gary montre que le nationalisme peut être défini comme le souci prioritaire d’affirmer la suprématie de la nation sur les autres et de préserver l’intégrité de la souveraineté. Il s’agit d’une tendance politique souvent assimilée à l’extrêmedroite.
Le terme de « nationalisme » connaît une importante évolution. Il est employé pour la première fois en 1789 avec un sens péjoratif car il est utilisé pour stigmatiser le caractère immoral du « patriotisme jacobin ». Le nationalisme est donc d’abord l’héritier de la révolution puis celui du traditionalisme prônant une redécouverte du passé et des particularités nationales. Sous laRestauration et le Second Empire, le nationalisme est situé plutôt à gauche sur l’échiquier politique. La première moitié du XIXe siècle a été celle du mouvement des nationalités dont 1848 fut le symbole. En Italie, en Allemagne, en Autriche, les peuples se sont soulevés pour réaliser l’unité nationale, prenant conscience de leur identité commune. Leur échec face à la réaction politique ne les a pasempêchés, quelques années plus tard, de parvenir à leurs fins. Le nationalisme se fonde donc à ce moment sur la souveraineté populaire et se tient prêt à affronter les tyrans, arme à la main comme l’illustre l’épisode de la Commune en 1871 qui s’appuie d’abord sur un patriotisme exacerbé. A partir de 1870, le nationalisme semble virer la droite, avec l’apparition partout en Europe d’un nationalismeantisémite et conservateur.
La période 1905/1914 s’ouvre avec la première crise marocaine qui oppose l’Allemagne et la France et se clôt sur la première guerre mondiale mettant en évidence le caractère conflictuel du nationalisme à cet époque et sa responsabilité dans les tensions qui opposent les pays européens et dans la première GM. En effet le nationalisme, qui grandit dans l’opinion publique à cemoment et se fait de plus en plus agressif, débouche sur de nombreuses crises, d’abord à l’extérieur puis au sein de l’Europe. Chaque crise renforce les risques de guerre, exacerbe les nationalismes, justifie la formation des alliances et le renforcement des armements.
Nous nous demanderons donc quelle est la place du nationalisme dans les sociétés européennes entre 1905 et 1914 et quel est sonrôle dans les crises et dans la première GM ?
Annonce du plan

I. La place du nationalisme dans les sociétés européennes

1. Le nationalisme se radicalise dans les années précédant la première guerre mondiale

1) Qu’est ce que le nationalisme au début du XXème siècle ?
Le terme « nationalisme » apparut à la fin du XIX pr désigner, en Fr et en Italie, divers groupesd’idéologues de droite, prompts à brandir le drapeau national à la fois contre les étrangers, les libéraux et les socialistes et en faveur d’une politique agressive d’expansion qui deviendra une de leur principale caractéristique. Ce terme se révéla plus commode que, celui, trop long, de « principe des nationalités » qui faisait partie de la terminologie politique européenne depuis 1830 environ. Aussien vint il à désigner tous les mouvements pr qui la « cause nationale » l’emportait sur toutes les autres questions politiques. En soi le phénomène n’était pas nouveau cependant de 1880 à 1914, le nationalisme effectua un spectaculaire bond en avant, tandis que son contenu idéologique et politique subissait une profonde évolution. Alors que le sentiment nationaliste qui animait les générationsquarantuitardes se confondait avec les aspirations libérales et démocratiques, les idéologies et les passions nationalistes qui s’expriment dans le dernier tiers du 19eme privilégient les vertus de l’autorité, de la discipline et de la hiérarchie propres à l’état militaire. Si la période suivant les guerres napoléoniennes est animée par la volonté d’éviter la guerre, par le pacifisme et…